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“ Des plantes sauvages pour nous démarquer ! ”

Créée par Mathilde Radenac et Thao Ngo, Floridée'o est une pépinière spécialisée dans la production de plantes sauvages d'origine locale. Installée depuis 2011 à Bruz, au sud de Rennes (35), elle développe une palette végétale adaptée à une démarche de conception et de gestion durables des espaces.

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Mathilde Radenac et Thao Ngo ont suivi une formation d'écoconcepteur à la Maison familiale rurale (MFR) de Saint-Grégoire, près de Rennes (Ille-et-Vilaine), en 2010-2011. Pour mettre en application ce qu'elles avaient appris sur le plan de la conception écologique des espaces (voir le Lien horticole n° 740 du 16 février 2011, p. 17), elles devaient privilégier l'utilisation de végétaux locaux. « Nous avons rapidement constaté que, dans la région, les pépinières ne proposaient pas ce type de plantes. Nous avons donc décidé de créer Floridée'o, une pépinière spécialisée dans les plantes sauvages d'origine locale pour nous démarquer », expliquent-elles.

Auparavant, Mathilde Radenac, titulaire d'un BTS Aménagements paysagers et d'une licence professionnelle en art des jardins, a travaillé durant six années dans un bureau d'études d'urbanisme. « J'avais envie de choses plus concrètes, d'aller de la conception au suivi de la réalisation de mes projets. Par ailleurs, les questions environnementales m'ont toujours préoccupée », souligne-t-elle.

Pour Thao Ngo, le virage est important : « Après une carrière d'une dizaine d'années en tant qu'assistante de direction et à la suite d'un licenciement économique, j'ai décidé d'entreprendre une reconversion totale dans un domaine qui m'a toujours passionnée, les plantes. »

Concernant le choix de la formation, la réponse des deux associées est claire : il s'agissait pour elles de suivre un parcours pratique et court sur le bassin rennais, leur lieu de vie. « Nous avions à coeur de disposer d'une approche terrain importante et de tisser un réseau de relations pour développer une activité localement. Le fait que la formation soit dispensée en parallèle de celle d'écojardinier correspondait à ces attentes. »

Certificat en poche, elles répondent à un appel à projets lancé par le conseil général d'Ille-et-Vilaine, qui avait pour objectif de parrainer des installations en agriculture biologique sur d'anciennes terres agricoles abandonnées au sud de Rennes. Quatre dossiers sont retenus : ceux de deux maraîchers, celui d'un arboriculteur fruitier et celui de la pépinière Floridée'o. « Le portage (NDLR : moyens mis à la disposition de l'entreprise) du conseil général nous permet de louer à petit prix durant les deux premières années les 4 hectares de terrain qui nous ont été alloués. C'est un bon procédé pour commencer à constituer une trésorerie et pour pouvoir acheter ensuite, car nous ne détenons pas de fonds propres », précisent Mathilde Radenac et Thao Ngo. Le terrain à disposition étant à l'abandon depuis de nombreuses années, simplement fauché une fois par an par un agriculteur, la labellisation « agriculture biologique » a pu être obtenue dès le début de la mise en place de la pépinière.

Après avoir défriché les parcelles au début de l'année 2011, les premières cultures ont été installées dès le printemps. La structure dispose actuellement de 1,5 hectares de culture en pleine terre, d'un tunnel froid de 225 m2 et de deux bâtiments préfabriqués « recyclés » qui servent de bureaux et pour le stockage des semences.

Comment se démarquer des autres ? Mathilde Radenac et Thao Ngo expliquent qu'elles ont fondé leur stratégie sur le développement d'une palette végétale adaptée à une démarche de conception et de gestion durables des espaces. « Nous travaillons surtout en réseau avec les autres écoconcepteurs et écojardiniers, ainsi qu'avec certains professionnels qui interviennent dans la formation, des bureaux d'études ou des collectivités territoriales. Lorsqu'un écojardinier recherche des plantes, il vient naturellement vers nous. Et si nous recevons des demandes d'aménagement de jardin, nous pouvons proposer un projet de conception et/ou des plantes avant de passer le relais à nos collègues pour la réalisation des travaux de plantation. »

L'approvisionnement en plantes sauvages se fait par le biais de la récolte de boutures ou de graines dans le milieu naturel, dans le cadre d'une convention passée avec des communes, le conseil général ou le Conservatoire du littoral. Après la phase de semis ou de bouturage, les végétaux sont mis en culture en pleine terre sur le site en prenant soin de les installer sur une zone adaptée à leur milieu (zone humide, situation ombragée, plein soleil…). Ils ne subissent aucun forçage et ne sont pas arrosés, sauf au démarrage, ce qui permet de disposer de plantes vigoureuses avec une excellente capacité de reprise.

Les espèces sont commercialisées en godet de 9, en conteneur de 2 l ou sous forme de semences lorsque cette production est aisée comme pour les coquelicots, les digitales, les molènes. Floridée'o propose des sachets de semences pures ou des mélanges. Ces derniers sont réalisés sur mesure, après avoir étudié les conditions du futur site d'installation et les attentes du client. Toutefois, pour sensibiliser le grand public, lors des fêtes des plantes, trois types de mélanges standard ont été développés : « lisières boisées », « fleuri » et « mellifère ». L'entreprise ne possède pas de gros matériels en propre, mais elle peut compter sur l'aide des maraîchers et de l'arboriculteur installés à proximité, ou faire appel aux services ponctuels d'un agriculteur. Après dix-huit mois, l'activité se partage (en chiffre d'affaires) à parts égales entre la vente aux particuliers sur site ou lors des fêtes des plantes de la région, et celle aux communes et paysagistes, dont certains travaillent par le biais de contrats de culture, ce qui constitue un plus en matière de développement.

En complément de la production horticole, Mathilde Radenac et Thao Ngo entendent utiliser d'autres compétences acquises lors de la formation d'écoconcepteur en proposant diagnostics paysagers et analyses floristiques. Leur objectif est de concevoir des aménagements respectueux de la richesse naturelle des milieux.

Et pour soutenir les formations de la MFR, la pépinière accueille régulièrement des stagiaires. « C'est un échange à bénéfices réciproques ! Une main d'oeuvre ponctuelle supplémentaire pour nous, bienvenue en période de plantation ou de récolte. Et pour les apprentis, un terrain riche d'expériences pour la connaissance des végétaux locaux. »

Yaël Haddad

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